mercredi 25 mai 2016

130 - "Michel-Ange" de Nadine Sautel







Une biographie condensée, mais ... vivante !

L'intérêt de cette biographie condensée, c'est d'aller à l'essentiel en peu de pages (200 pages).

Je suppose que pour un passionné de Michel Ange, c'est insuffisant car le sujet semble inépuisable ! comme son travail, car Michel-Ange était un Stakhanoviste du marbre ! (de Carrare, of course !)

L'auteur Nadine Sautet nous livre un récit enlevé, alerte qu'elle situe du point de vue esthétique bien sûr, mais aussi philosophique, historique et humain. Quelquefois elle frôle le thriller ! quand Michel Ange est au prise avec l'affreux Pape Jules II qui lui commande d'abord son tombeau :

- Donne moi un tombeau ouvert, comme une demeure. J'y veux une frise qui glorifie mon combat pour l'unité de l'Eglise.

Puis ensuite les fresques de la Chapelle Sixtine (alors qu'il méprise la peinture et les peintres !)

Aux prises avec le tyran, Michel-Ange se débat comme un beau diable. Quelquefois il gagne, quelquefois non...

Au fil des pages, on rencontre Laurent le Magnifique, Machiavel, le pauvre prédicateur Savonarole, etc...

Une bonne lecture où l'on ne s'ennuie jamais...





Co-auteur d'ouvrages culturels (Universalia, éditions Universalis ; Les Muses, Alpha Encyclopédie), elle a publié un roman, Fin du monde chez les Poupat (Laffont, 1992), qu'elle a adapté au théâtre.

Critique au Magazine littéraire, elle a fait paraître en 2005, aux éditions Albin Michel, Pour l'amour des livres, entretiens réalisés avec Jean-Jacques Brochier

Nadine Sautel a créé un cours d'interprétation du piano fondé sur la correspondance des arts.

Elle enseigne actuellement le piano à Paris. Voici son site :

http://www.courspiano.fr/






lundi 16 mai 2016

129 - "Flaubert" de Michel Winock






Une biographie très documentée

Savez-vous qu'avant qu'il ne devienne chauve, Gustave était un beau gosse ? !!!
Il était très grand : 1m 83, à une époque où ses amis atteignaient à peine 1m 65... Il avait le regard langoureux et évidemment il plaisait beaucoup aux femmes.

Et voilà où le bas blesse, notre Gustave les aimait, mais surtout dans ses songes.
La toute première, Elisa, il n'avait que 15 ans, elle en avait le double. Il se contentait donc de l'admirer et d'en rêver.
La seconde, Louise Colet, on pourrait dire que ce fut une vraie liaison car elle a duré 8 ans. Mais en 8 ans, il l'a rencontré seulement ... quatre fois !!!
Puis il y eut Juliet. Celle-ci, il ne pouvait pas la voir souvent, car "maman" avait besoin de lui !
Concernant les autres femmes de sa vie, je vous laisse le plaisir de la découverte.

Puis "maman" a bien voulu le laisser partir en voyage avec son ami Maxime Ducamp.
A l'époque l'orientalisme était très à la mode.
Hélas notre bellâtre en est revenu profondément marqué (voir Salammbô). Les pâtisseries orientales l'ont fait grossir. Il a perdu ses cheveux et contracté une bonne vérole !
Déjà usé par ses crises d'épilepsie et la syphilis, le pauvre Gustave avait peu de chance de faire de vieux os. Il est mort à 59 ans.

Entretemps, il a beaucoup écrit. L'écriture pour lui était une nécessité.
C'était un perfectionniste qui travaillait la syntaxe comme personne.
Financièrement il était à l'abri du besoin, puisque son papa, un brillant chirurgien mort prématurément, lui avait laissé un confortable héritage.

Son dégoût de la vie, Flaubert ne l'a transcendé ni par l'expérience amoureuse (c'était un vrai mufle !) ni par la foi en Dieu (il ne croyait à rien et surtout pas en un Dieu quelqu'il soit) ni par un idéal politique (il allait où le portait le vent...) mais il l'a traduit en écriture avec talent.

Ses romans ont déchaîné les critiques.
Zola et Sainte Beuve ont été ses soutiens.
Mais Barbey d'Aurevilly et les Frères Goncourt l'ont éreinté.

Michel Winock a très bien inscrit la vie de Flaubert dans son contexte historique avec une mine d'informations passionnantes.
Il a su dressé le portrait intime et époustouflant d'un écrivain aussi contradictoire que son époque et qui a tout sacrifié à son art.







Michel Winock, professeur émérite à Sciences-po, cofondateur de la revue L'Histoire en 1978, est l'auteur entre autre de : Le Siècle des intellectuels... Parlez-moi de la France... Jeanne et les siens ... Clemenceau ...   Le XXe siècle idéologique et politique... Madame de Staël... François Miterrand...

jeudi 12 mai 2016

128 - "Lola Bensky" de Lily Brett







Mi-chèvre... mi-chou...



Nous sommes en 1967.
Lola Bensky, jeune australienne d'origine polonaise se retrouve à 19 ans  chargée d'interviewer les plus grandes rock stars pour le magazine australien Rock-Out.

C'est ainsi que cette curieuse grosse fille, tartinée de fond de crème et affublée de faux cils va parler bigoudis avec Jimi Hendrix, sexe avec Mick Jagger, régime et calories avec Mama Cass, homosexualité avec Janis Joplis.

Ses questions souvent naïves vont nous révéler les zones d'ombres de ces dieux du rock.

Mais en fait, à travers ses interviews, Lola Bensky parle surtout d'elle-même et de son mal être. Et là, elle en fait des tonnes sur :

Sa judéité...
(extrait)
- Tu es juive ? a demandé Jimi Hendrix
- Très.

Ses parents...
(extrait)
"Mes parents ont chacun de leur côté survécu à Auschwitz, le camp de la mort nazi, mais bien qu'ils s'en soient tirés, une partie d'eux-mêmes est restée là-bas."
« L’espace que la majorité des autres parents gardent disponible pour leurs enfants est chez eux occupé par le passé. » dit Lola Bensky qui ispo facto fait revivre le passé de ses parents. Les allusions constantes à Auschwitz et la description des barbaries infligées aux victimes par les nazis émaillent le récit là où on ne s'y attend pas.
Comment peut-on mélanger des choses archi-légères à des horreurs  ?
Je n'apprécie pas du tout, mais alors pas du tout ! cette fascination crapoteuse pour la barbarie et l'humiliation derrière la façade d'une apparente dénonciation.
Ames sensibles abstenez-vous de lire ce livre.
Certains passages sont franchement insoutenables. A vomir...

Son poids...
Au fil des pages, Lola nous gave avec son poids, ses régimes et ses calories. Elle se trouve grosse.
Son esprit semble accaparé par ses régimes amaigrissants.

Ses amours...
A l'inverse des  jeunes de son âge, Lola n’arrive pas à se détendre et quelquefois elle se demande où a pu passer sa sexualité ! C'est d'ailleurs l'occasion pour elle de nous resservir la sexualité dépravée des camps de concentration.


Ce livre n'est pas vraiment une autobiographie, et pas vraiment une fiction.
Ce n'est pas un livre léger. Ce n'est pas un livre grave.
Il est mi-chèvre, mi-chou.
Quant au style, cela ressemble plus à du bavardage qu'à une écriture littéraire.






http://www.lilybrett.com/



dimanche 8 mai 2016

127 - "L'oracle della Luna" de Frédéric Lenoir






Un ersatz de "Le nom de la rose"


J'avais beaucoup aimé "La promesse de l'ange" et je pensais éprouver le même plaisir à la lecture de "L'oracle della Luna". Hélas, ce gros volume m'a vraiment ennuyée. J'avoue avoir lu les quelques 200 dernières pages en super diagonale.

L'ambiance des premières pages étaient pourtant assez encourageantes jusqu'au moment où on arrive à des saynètes ridiculement "fleur bleue" (un jeune manant s'éprend d'une jolie noble).  Cela se complique quand on aborde des chapitres philosophico ésotériques longs, très longs avec un maître spirituel, astrologue à ses heures.





On a l'impression que l'ouvrage  (plus de 700 pages)  a été tissé par plusieurs mains : il part dans tous les sens. Cela va du roman d'aventure totalement rocambolesque en passant par des réflexions philosophiques  très longues, le tout saupoudré d'ésotérisme et parsemé d'histoires d'amour nunuches. De quoi agacer le lecteur.

Frédéric Lenoir est historien des religions  : il dirige "Le Monde des religions" il anime une émission sur France Culture, et il est l'auteur d'une quarantaines d'ouvrages.  Tout ce qu'il publie se vend à des milliers d'exemplaires.

En 2004, le succès lui tombe dessus avec "La Promesse de l'ange" écrit avec Violette Cabessos (un très bon roman que je vous conseille vivement).



Puis c'est "Code Da Vinci : l'enquête" avec Marie France Etchegoin : un best seller !

Dans "l'Oracle della Luna" je reconnais qu'il est bon pédagogue car ses digressions sur l'histoire, les religions, l'astrologie, la philosophie, sont de bons exemples de vulgarisation qui m'ont appris certaines choses. Mais si je veux m'instruire, je lis un essai ou un documentaire. Et quand je veux me distraire, j'attends du roman qu'il m'apporte de l'évasion, du rythme, une histoire forte ! Là ce n'est pas le cas...


Quelle déception !!!







Retrouvez Frédéric Lenoir et son actualité sur son très beau site :

http://www.fredericlenoir.com/
 

lundi 2 mai 2016

126 - "Une vie française" de Jean-Claude Dubois





Une saga "bien de chez nous" !

On passe souvent du rire aux larmes et de la révolte à la compassion dans ce livre qui couvre cinquante ans de la société française dans laquelle se débat le narrateur, Paul Blick, toujours un peu à côté de ses chaussures.

Paul Blick se livre très crûment aux lecteurs en racontant ses aventures familiales assez tristes qui démarre avec la perte de son frère Vincent tellement plus doué que lui (sic) ! ... de ses aventures sexuelles et de celles de ses copains, aventures très imaginatives (l'un de ses amis s'offre des petits plaisirs solitaires avec un ... rôti !) ses aventures professionnelles hasardeuses (il connaît le succès et l'échec), puis sa vie conjugale empreinte d'indifférence.

Tous ces aveux sont faits dans le contexte politique de l'époque qui démarre avec Charles de Gaulle le 4 octobre 1958 et qui finit avec les années Chirac (2002).  Les "petites histoires" de Paul Blick se mélangent à la "grande Histoire" et on voit défiler tous les évènements qui ont marqué la France et le monde pendant un demi siècle, tels par exemple, l'arrivée dans les foyers des téléviseurs en noir et blanc (le fameux Grandin), le soulèvement étudiant de mai 68, les premiers pas de l'Homme sur la Lune, la légalisation de l'avortement, la mort de Franco,  l'exécution de Christian Ranucci avant l'abolition de la peine de mort, l'arrivée au pouvoir des socialistes, le faux charnier en Roumanie, la première guerre en Irak, etc...

Une vie française est un livre à lire absolument. Il a la saveur d'une saga mais avec un goût "bien de chez nous"!